L’innovation est un concept que chacun comprend spontanément, ou croit comprendre, dont chaque théoricien parle et que tous les gouvernements épousent. Pourtant, il n’en a pas toujours été ainsi, selon ce document de l’INRS.
Tout comme ce qui en a été pour le concept de civilisation, celui d’innovation fait la synthèse de plusieurs. L’innovation est « définie » au moyen d’associations à des concepts existants et au moyen d’analogies à partir de ceux-ci.
À travers les siècles, le concept d’innovation est entré en compétition avec d’autres concepts qui exerçaient la même fonction. Au fil du temps, tous ces concepts ont été regroupés autour de celui d’innovation.
Parmi ces concepts concurrents, quatre sont fondamentaux :
- le concept de changement. Le changement intentionnel (schéma, conception, etc.) a mené au changement planifié, un synonyme d’innovation au cours du XXe siècle;
- le concept d’hérésie. L’hérésie mène à l’innovation par l’intention ou par la liberté, puis par l’initiative ou l’initiation;
- le concept de révolution. La révolution provoque une innovation importante;
- le concept de combinaison. La combinaison des idées facilite l’innovation.
Au cours des siècles, le changement dans la définition de ce que représente l’innovation jette la lumière sur les valeurs d’une époque. Aux XVIIe et au XVIIIe siècle, les usages du concept étaient essentiellement polémiques. Le concept a servi d’arme sur le plan linguistique pour en venir à attacher une étiquette péjorative à ceux qui en faisaient usage, soit les innovateurs.
En revanche, depuis le XIXe siècle, l’innovation a commencé à faire référence à certaines valeurs centrales des temps modernes, telles que le progrès et l’utilité. En conséquence, beaucoup de personnes ont commencé à s’approprier le concept.
Finalement, selon l’auteur de l’ouvrage dont il est ici question, un danger existe : le terme innovation pourrait bientôt cesser d’être actuel et il pourrait être vidé de tout sens possible du fait qu’il y a surutilisation constante du terme.