Vous êtes ici
Accueil > Actualité > Robert Gordon n’arrive pas à digérer le paradoxe de Solow

Robert Gordon n’arrive pas à digérer le paradoxe de Solow

Pourquoi Robert Gordon s’obstine-t-il dans ses prévisions déclinistes sur l’économie US et l’ensemble du monde ?

Probablement parce qu’il ne comprend pas que l’innovation est déflationniste et que cela fausse les séries statistiques ? Et qu’on ne peut pas appliquer certaines règles de calcul dans un univers où la croissance de productivité est un facteur 1.000 tous les 15 ans depuis le milieu des années 60 (Loi de Moore)

Dans un nouveau rapport à la NBER intitulé “Why Has Economic Growth Slowed When Innovation Appears to be Accelerating?”, l’économiste Robert Gordon renouvelle ses inquiétudes devant la faiblesse de la croissance économique alors même que l’innovation semble atteindre des sommets.
> Eh bien, c’est justement pour cela que la croissance est apparemment faible !

C’est précisément le caractère déflationniste de l’innovation qui apparaît lorsque l’élasticité prix de l’innovation (e : (ΔQ/Q)/(ΔP/P)=(ΔQ/ΔP)/(P/Q)) ne permet pas de compenser la baisse des prix par une augmentation du volume. C’est le cas dans certaines innovations numériques et électroniques.
L’exemple des serveurs informatiques montre que la production globale (en valeur) des serveurs a baissé entre 2000 et 2013 alors que la puissance installée était multipliée par près de 1000 !

Lorsque les mouvements de prix sont violents, comme c’est le cas dans le numérique et l’électronique (et probablement les biotechs demain), la coutume selon laquelle on peut utiliser les séries économiques sur plusieurs années sans s’inquiéter de la “base” statistique et de la signification du prix des produits, n’est plus adaptée. La série “PNB” n’a qu’un sens monétaire (et encore en monnaie courante) mais pas en volume.

Et comme s’il voulait justifier sa démarche infondée, l’article se perd dans des vérifications de cohérences qui ne font que montrer que les séries statistiques sont cohérentes entre elles, mais sans signification. Pour l’auteur, la croissance de la productivité c’est quand le CA augmente avec des effectifs constants … alors que la réalité tout baisse, sauf la productivité en volume !

Si vous calculez la productivité dans le secteur des serveurs (CA / Nombre d’heure de travail), vous constaterez que cette productivité a baissé sur la période 2000 – 2013 car face à une multiplication des performances d’un facteur 1000 accompagné d’une baisse de coût du même ordre, il n’a a pas de compensation par le volume qui soit possible. Solow avait déjà pointé cette question dans les années 80.

EN PRATIQUE, le calcul de la productivité par un rapport de CA / Nbre d’heures de travail n’est valable que dans un univers où les prix et les coûts varient “lentement”. Lorsqu’on parle de variation avec des facteurs supérieurs à 10, cette approximation ne fonctionne pas.

Décidément, Albert Camus avait raison : “mal nommer les choses, c’est accroître le malheur du monde”… et mal compter, c’est encore pire !

Patrice Noailles, Délégué Général du COLLECTIF Innovation

Accéder à l’article de Robert Gordon (site de la NBER – payant)

Télécharger l’article de Robert Gordon

Télécharger l’article de La Revue des Sciences de Gestion, Direction et Gestion n° 281-282 – Intitulé “L’innovation déflationniste – Introduction à l’analyse monétaire de l’innovation”.

L’analyse du site “VECTEURS”

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Top