
Le Think Tank Fondapol a publié la note d’Henri Verdier , directeur interministériel du numérique et du système d’information et de communication de l’État (DINSIC), et de Pierre Pezziardi , entrepreneur en résidence au sein de la DINSIC et animateur de l’incubateur de startups d’État, ayant pour titre “Des startups d’état à l’état plateforme“.
Depuis 2013, de petites équipes emmenées par des agents publics déterminés et maîtrisant parfaitement les codes du numérique ont revivifié les valeurs de sens, d’autonomie et de responsabilité trop souvent absentes des grandes organisations. Dans une exceptionnelle frugalité de moyens, ces « startups d’État » ont produit des services publics numériques plébiscités par leurs usagers.
Selon les auteurs de la note, cette expérience riche d’enseignements pour la réforme de l’État dans son ensemble ne doit pas demeurer un simple témoignage, il est nécessaire de décider et d’organiser le passage à l’échelle afin d’engager une réelle et profonde conversion numérique. De plus, cette réforme est peu coûteuse : 0,1 % du budget de chaque administration suffirait à y implanter un incubateur d’innovation radicale comme beta.gouv.fr. Elle peut galvaniser une génération d’intrapreneurs de la fonction publique et émanciper une foule de contributeurs qui créeront des milliers de filières simplifiées, soulageant des millions de Français et dégageant d’énormes gains d’efficacité.
Exode numérique choisi ou uberisation subie, la traversée du désert est devant nous. L’exode de millions de salariés dépossédés du sens de leur travail est engagé, mais un nouveau pari de la confiance est possible. Il est même à portée de main.
Notre lecture :
Un Etat souple mais bloqué ? La démarche décrite dans cette note est aussi enthousiasmante qu’inquiétante.
Le dynamisme que certains Agents de l’Etat ont pu exprimé en réalisant de véritables exploits administrativo-techniques est encourageant sur la “réserve” de fonctionnaires de qualité dont dispose l’Etat … à condition de ne pas les étouffer. Mais l’incapacité de maîtrise globale de la numérisation par l’administration de l’Etat est inquiétante. Et on en apprécie la manifestation pratique dans une double absence :
- l’absence de réglementation des nouvelles activités qui laisse la place à une entrée massive du droit américain sur notre sol !
- l’absence de véritable schéma directeur ou simplement d’une coordination centralisée dynamique de l’action de l’Etat.
La présence de bons Lieutenants compense rarement l’absence de Général ! Il est temps de nommer un CTO pour l’Etat qui soit capable de gérer ces évolutions.