
La Commission européenne a publié son tableau de bord européen de l’innovation pour 2016 dans lequel elle classe les États membres selon leur performance en quatre groupes différents :
- L’Allemagne, le Danemark, la Finlande, les Pays-Bas et la Suède sont les champions de l’innovation. Leurs résultats en matière d’innovation sont nettement supérieurs à la moyenne de l’Union Européenne ;
- L’Autriche, la Belgique, la France, l’Irlande, le Luxembourg, le Royaume-Uni et la Slovénie sont classés parmi les innovateurs notables. Leurs résultats sont supérieurs à la moyenne de l’Union Européenne ou alors proches de celle-ci ;
- La Croatie, Chypre, l’Espagne, l’Estonie, la Grèce, la Hongrie, l’Italie, la Lettonie, la Lituanie, Malte, la Pologne, le Portugal, la République tchèque et la Slovaquie affichent des résultats inférieurs à la moyenne de l’Union Européenne. Ces pays sont les innovateurs modérés.
- La Bulgarie et la Roumanie sont les innovateurs modestes. Leurs résultats étant nettement inférieurs à la moyenne de l’Union Européenne.
On apprend également dans ce document que sur le plan mondial, l’Union Européenne demeure moins innovante que la Corée du Sud, les États-Unis et le Japon, mais que les écarts de performances diminuent par rapport à ces deux derniers pays. En termes de résultats, l’Union Européenne conserve une avance considérable sur bon nombre d’autres pays, notamment la Chine.
Selon la Commission Européenne, l’UE a le potentiel d’encourager l’innovation à l’échelle mondiale en stimulant l’investissement privé et en améliorant les conditions-cadres.
Notre analyse :
1 – Méthodologie : contestable mais elle est “constante” et permet de suivre une évolution … dont on ne connaît pas exactement la nature ni la signification exacte !
La méthode de l’EIS (European Innovation Scoreboard) est d’agréger des indices avec des pondérations qui semblent raisonnables … mais cela revient à définir des équivalences entre les dépenses de recherche et de formation, ce qui est déjà difficile; mais aussi entre ces mêmes dépenses et les financements de l’innovation, voire avec le nombre de brevets déposés. etc. Sans évidemment prendre en compte les innombrables effets de qualité ou de saturation. C’est un peu comme des statistiques de PNB dans un pays dirigiste avec des prix planifiés.
2 – Sur le fond, l’Europe est-elle une zone innovante majeure : bien évidemment oui, presque à l’égal des USA jusque dans les années 70-80. C’est à cette époque que les USA ont engagé avec le Bay-Dole Act et d’autres lois, une évolution globale pour créer une société innovante. Cette évolution s’est accélérée encore dans la période 2004-2014 sous l’impulsion du Congrès et du travail réalisé par les académies américaines. Ce travail a abouti, par exemple, à la modification de la loi sur les brevets.
3 – Si l’on regarde les principaux concepts technologiques créés depuis 50 ans, l’ensemble Europe-USA représente plus de 90% avec une évolution défavorable à l’Europe.
La question qui est posée aujourd’hui de comprendre ce qu’il faut faire pour rejoindre ou dépasser les USA et nos indicateurs n’apporte aucune réponse.
4 – On souhaiterait simplement des statistiques européennes avec une méthodologie uniformisée concernant les indicateurs de bases de l’innovation (sans agrégation) dont la liste devrait commencer par :
- le nombre d’innovateurs avec au moins deux catégories : les entrepreneurs innovants ET les salariés innovateurs ;
- le nombre d’entreprises innovantes ;
- le montant de l’investissement en capital risque ;
- le nombre de doctorants qui vont dans l’industrie après leur doctorat.